F. Python: Empreintes. Entre politique et religion

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Titel
Empreintes. Entre politique et religion. Choix d’articles


Autor(en)
Python, Francis
Reihe
Archives de la société d’histoire du canton de Fribourg, nouvelle série 12
Erschienen
Fribourg 2012: Société d’histoire du canton de Fribourg
Anzahl Seiten
461 S.
Preis
URL
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Vincent Petit, Strasbourg

A l’occasion de son départ à la retraite, le professeur ordinaire Francis Python, qui occupait la chaire d’histoire contemporaine à l’université de Fribourg depuis 1992, publie un choix d’articles, dont certains sont inédits, avec des documents relatifs à cet événement: la laudatio de ses collègues du département d’histoire contemporaine, la leçon d’adieu qu’il a prononcée le 9 mai 2012, et une bibliographie de ses travaux et la liste des mémoires de licence (master depuis l’adhésion des universités helvétiques au processus de Bologne) et des thèses qu’il a dirigés soit 288 mémoires et 15 thèses autrement dit 61’489 pages. En lieu et place d’un volume déprimant de mélanges, la Société d’Histoire du canton de Fribourg, l’éditeur du présent recueil dont il faut souligner immédiatement la qualité de la présentation matérielle, a retenu dix-huit articles qui s’organisent autour des thèmes de prédilection du prof. Python: le Sonderbund (sa thèse publiée en 1987 portait sur l’épiscopat de Mgr Marilley entre 1846 et 1856), la «république chrétienne» – nom que l’on donne au régime politique d’inspiration catholique-sociale en place dans le canton fin du XIX-début XXe siècle, le catholicisme et la question sociale, la revue Esprit... Deux études tranchent par leur originalité: l’analyse de la richesse économique que fait le clergé au XIXe siècle (71–82) – lecture pré-wébérienne significative d’une sensibilité antilibérale longtemps prégnante dans le monde catholique, et dans un registre plus amer, la requête hallucinante comme disent les jeunes d’un extrémiste romand (305–328) qui réclame à Pie XII en 1949! la publication d’une encyclique ... condamnant les Juifs. Loin d’un localisme exclusif et stérile, ces articles s’inscrivent davantage dans un subtil jeu d’échelles dans lequel s’inscrit le catholicisme fribourgeois. L’angle d’étude privilégie des figures individuelles: le P. Girard, le chanoine Schorderet, Mgr Besson, le colonel Perrier... et s’attache à développer une approche locale ou plutôt du genius loci, car ici, dans ce canton rural, conservateur et catholique qui s’est doté d’une université en 1889, tout ce qui est local a une résonance nationale et internationale. Féconde est la tension dans cette confédération helvétique, au coeur de l’Europe, dont Jean-Marie Mayeur a écrit qu’elle «constituait un remarquable observatoire pour une réflexion comparative» (Préface à Jean-François Roth, Le catholicisme politique jurassien entre libéralisme et ultramontanisme [1873–1896], éditions universitaires de Fribourg, série historique, vol. 13, 1992, 1), mais plus encore le canton de Fribourg dont on sait qu’il est officiellement bilingue, en équilibre sur la frontière linguistique, mais très majoritairement catholique – F. Python souligne que les catholiques romands sont doublement minoritaires, au sein de leur communauté linguistique et au sein de leur communauté religieuse. On notera aussi le côté french friendly de cette historiographie, plus encore que celle de ses prédécesseurs Castella et Ruffieux: Francis Python a suivi une partie de sa formation à Paris auprès de Bernard Plongeron et d’Emile Poulat, et ses recherches amènent d’utiles précisions sur l’action internationale d’un Montalembert, ou d’un Maritain, mais celle des grands noms du catholicisme fribourgeois, comme Mermillod et Journet. Fribourg est en quelque sorte un avant-poste des confins de la catholicité où les exilés français trouvent refuge en 1791, en 1827–30, lors de l’expulsion des congrégations en 1880 et en 1901–1904, où fermente Rerum Novarum, où rayonnent le Sillon, le personnalisme de Mounier... Au-delà de l’objet, ce recueil témoigne aussi de la personnalité de Francis Python qui, derrière un physique imposant – le quotidien fribourgeois, La Liberté, du 6 mai 2012, le compare à Winkelried, cet autre héros helvétique... –, une voix grave et un visage qui inspirent le respect, comme on peut en juger sur la couverture, livre une écriture remarquable par sa sobriété et une analyse tout en modestie. La leçon d’adieu, dans laquelle l’historien qui s’en va s’efface derrière d’autres, Marrou surtout, est à ce titre révélatrice de cette délicatesse et de cette exigence. Le présent recenseur, qu’on lui pardonne cet excursus qui vaut hommage, peut lui aussi en témoigner.

Zitierweise:
Vincent Petit: Rezension zu: Francis Python, Empreintes. Entre politique et religion. Choix d’articles, Fribourg 2012. Zuerst erschienen in: Schweizerische Zeitschrift für Religions- und Kulturgeschichte, Vol. 107, 2013, S. 475-476.

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